Forteresse du Ciel

Visite à Achung namdzong

 

 

 

 

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Religion

La Forteresse du Singe du Roc Blanc Bra dKar sPral rDzong dans la lignée de Chakra Samvara le Détenteur de la Roue du Temps.

Le monastère du Singe du Roc BlancDans cette province du Qinghai qui a absorbé à la fin des années 20 la majeure partie de la province tibétaine de l'Amdo, au nord-est du haut plateau tibétain, se trouvent les sources des grands fleuves qui irriguent la Chine et les pays de l'Asie du Sud-Est.

Dans le Haut fleuve Jaune, dont la source est à quelques 300 km à vol d'oiseau, dans un pays de hauts plateaux et de vallées vertigineuses, la Forteresse du Singe du Roc Blanc est un lieu très sacré.
Situé sur le flanc d'un chaînon montagneux, c'est un petit massif qui culmine à 3700 mètres d'altitude aux confins d'un immense plateau parcouru par des troupeaux de chevaux, de yaks et de moutons.

Quand au VII ème siècle, Padmasambhava, que l'on appelle ici couramment Guru Rinpoché, originaire peut être de l'actuelle région du Cachemire et grand propagateur du bouddhisme au Tibet, vint méditer dans une des nombreuses grottes qu'abrite le massif, ce dernier était déjà une enceinte sacrée.

Il s'y construisait l'Épopée.
Là combattirent Gesar de gLing et Pehar des Hor. Là, proto-tibétains et proto-turcs se sont rencontrés.
Ouighours détenteurs des premiers enseignements bouddhistes donnés dans le Pamir et l'Inde du Nord-Ouest avec le riche et puissant royaume fondé par des turcs de la fédération des Tabbatch.

La forteresse du Singe du Roc Blanc est un lieu saint, ses rochers témoignent des combats acharnés que les guerriers et les sages eurent à mener pour se rallier les puissances démoniaques, redoutables maîtres du pays, dispensatrices des bienfaits et des malheurs des populations.

Sentinelle au milieu de peuples et de tribus nomades, elle raconte l'histoire de l'assimilation et de l'intégration des forces magiques traditionnelles et des vieilles pratiques locales par la nouvelle religion : un génie du pays, être à tête de singe et à corps d'homme dérangea Guru Rinpoché, qui le vainquit sur son propre terrain.

Par des rituels magiques, le sage contraignit les maîtres locaux à se soumettre et les força à entrer dans le panthéon lamaïque comme protecteur de la Loi puis il fit de ce territoire un refuge.
Elle est le point culminant de l'alliance entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux.
De nos jours y viennent toujours méditer des Yogis qui se consacrent à la vie contemplative.

Autrefois la montagne n'abritait que des ermitages mais au début de ce siècle les Vertueux ( Gelugpa) y fondèrent un monastère. Totalement détruit en 1958 au moment du "Grand Bond en avant", il fut reconstruit en 1981 et abrite aujourd'hui quelques 400 moines.

Les pèlerins, principalement des éleveurs nomades qui vivent dans les environs, mais aussi des pélerins venus des régions et des provinces voisines, ne s'attardent pas dans le monastère. Ils viennent avant tout faire le tour de la montagne. Ils marchent ou avancent en se prosternant, s'inclinent devant des amoncellements de pierres aux formes étranges, sortes de répliques miniatures de la montagne elle-même, se glissent dans les grottes aux goulots étroits, passages difficiles qui assureront à ceux qui les empruntent une bonne renaissance, se frictionnent avec l'eau qui suinte des parois pour se laver des pollutions de leurs péchés et éloigner les démons des maladies.
Parfois, ils ramassent des petits cailloux jaunes qui, dit-on, ont été touchés par la foudre. Ils les emporteront chez eux et s'en serviront comme des talismans de protection.
Autour des deux grandes grottes où médita Padmasambhava se trouvent des grottes plus petites et des cabanes en pierre dans lesquelles prient et enseignent des religieux, laïques ou non, qui s'y installent parfois pour des années et vivent des dons de leurs visiteurs.
Devant l'entrée des grandes grottes sont bâtis des chorten , stupas de couleur blanche qui contiennent des reliques ou des livres religieux. On en fait le tour, les désignant ainsi comme pivot porteur de sacré, en les gardant à main droite avant de pénétrer dans le lieu saint.
Là, se trouve seulement un socle de pierre, siège où médita le maître, devant lequel on se prosterne, comme l'on se prosterna un peu plus tôt devant une pierre plate où se reposa peut-être Tsong Khapa, réformateur du lamaïsme et fondateur de l'ordre des Vertueux au XIVème siècle, quand il quitta son pays natal à quelques centaines de kilomètres au nord et fit route vers Lhassa.

Par cette pratique de pèlerinages, les mérites accumulés par tous ceux qui ont suivi la même tradition à travers les temps permettra dans le meilleur des cas à l'univers tout entier de progresser en dehors de la Roue du Temps. Ce "tourisme" religieux a également une fonction socioculturelle. Il permet les échanges et les rencontres dans cette aire tibétaine où les nouvelles se transmettent surtout de bouche à oreille puisque les programmes de télévision et les journaux sont majoritairement en langue chinoise, peu comprise parmi les éleveurs ou les agriculteurs.

Autour des montagnes se cristallisent des pans de l'histoire de la nation des Tibétains et de leur religion.

Le tour du massif prend environ 5 heures en marchant lentement. Certains pèlerins en feront ainsi deux fois le tour dans une même journée, égrenant le chapelet que chaque croyant emporte toujours avec lui, et parfois ils recommenceront le lendemain.
D'autres mettront plusieurs jours à effectuer un seul tour quand, au lieu de marcher, ils s'allongent à chaque pas sur le sol pour de grandes prosternations. Ils quittent à la nuit tombante le circuit et le reprennent le lendemain à l'endroit où il l'ont laissé. Ils passent alors généralement la nuit dans une des résidences monastiques, que ce soit celle, modeste, d'un moine parent ou allié qui leur donne l'hospitalité, ou bien dans la résidence d'un dignitaire où se trouve en général une maison pour accueillir les hôtes de passage. A moins qu'ils ne plantent leurs tentes dans les pâturages.

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